CRCIA 1899 1940

La loi de 1884 avait favorisé l'éclosion de nombreux groupements, formés dans le but de défendre les intérêts des professions qu'ils représentaient.
Leur multiplication fut telle que, bientôt, le besoin se fit sentir d'unifier leurs actions pour la rendre plus efficace, à l'effet de parvenir à des réformes d'intérêts communes.
En 1898, le Sénateur de la Seine Alfred Mascuraud (1848-1926), Officier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur, eut l'idée de réunir les commerçants et les industriels (puis à partir de 1906 les agriculteurs) en une association qui, sous l'égide d'une politique hardiment républicaine, devait développer la solidarité entre toutes les catégories de producteurs, de commerçants et de consommateurs, exposer leurs desiderata sur tous les projets de loi les concernant, et défendre leurs intérêts communs auprès des pouvoirs publics.
C'est ainsi que fut fondé, en 1899, à Paris, le "Comité Républicain du Commerce, de l'industrie et de l'Agriculture" connu dans toute la France entière sous le nom de "Comité Mascuraud".
Il fut parrainé officiellement par Alexandre Millerand, Ministre du Commerce, puis tuteur quand celui-ci devînt Président de la République Française.
Ce groupement, sous son impulsion, prit une importance considérable et s'intéressa non seulement à la politique intérieure, mais encore aux relations de la France avec les nations voisines.
Par ses efforts et par ses actions, son premier Président National contribua aux rapprochements Franco-Italienne et Franco-Anglais.
Le Président du Conseil Waldeck Rousseau et son Ministre du Commerce Alexandre Millerand portèrent de suite le plus vif intérêt aux efforts d'Alfred Mascuraud, qu'ils secondèrent de toutes leurs autorités.
Et c'est ainsi qu'ils obtiennent du Gouvernement, un Arrêté Ministériel en date du 30 Août 1899, pour être un interlocuteur habilité des pouvoirs publics.
Car le caractère du CRCIA était d'être à la fois une association économique et une association politique.
Une association économique Elle suivait régulièrement et provoquait parfois l'évolution de la législation de tout ce qui peut concerner la production et les échanges. Elle étudiait pour porter sur le plan national, les problèmes des diverses branches de notre économie. Elle a créé dans cet ordre d'idées des commissions fonctionnant à son siège, et fournissant d'utiles suggestions à ses membres, aux groupements professionnels, aux administrations, aux pouvoirs publics. Elle donnait au Gouvernement de la République, les avis et les renseignements qu'il jugeait utile sur les questions commerciales, industrielles, agricoles et artisanales. Elle présentait ses vues, et faisait connaître son sentiment sur les changements projetés dans la législation commerciale, fiscale, industrielle, agricole et artisanale.
Une association politique Eloigné de tout sectarisme et de toute utopie en même temps que de tout égoïsme social, fermement attaché aux principes de la démocratie et à la déclaration des droits de l'Homme, le CRCIA soutenait les principes d'une politique hardiment novatrice, démocratique et humaine.
Le CRCIA, par son double caractère particulier, fut la seule en France pour porter sur le plan national les problèmes des diverses branches économiques.
Le CRCIA constitua 200 sections dans toute la France, dans les colonies et même à l'Etranger, et comptait déjà 18.000 adhérents en 1908.
Dans les 20 premières années de son existence, il n'organisa pas moins de 600 réunions tant à Paris qu'en Province et à l'étranger.
Le CRCIA fit des tournées fécondes dans tous les pays d'Europe. En 1904, dans un voyage à Londres, Windsor et Brighton, Alfred Mascuraud fut le véritable précurseur de l'entente cordiale. L'activité du CRCIA ne s'est jamais ralentie jusqu'en Juin 1940.