CRCIA 1940 1945

Comme tous les groupements ayant des buts politiques ou économiques, le CRCIA, dès l'occupation allemande dut cesser toute activité intérieure. En zone occupée, il ne pouvait être question d'enfreindre "les diktats" allemands sous peine de dissolution, de confiscation de biens, d'arrestations personnelles ou de groupes. Les lois, décrets et ordonnances de Vichy interdisaient toute manifestation qui n'était pas dans la stricte orthodoxie du Gouvernement de la zone dite "libre".
Force fut donc de mettre le CRCIA en veilleuse dans toute la France.
Il eût suffit de supprimer de son titre le mot "républicain", de modifier légèrement ses statuts de manière à n'y pas laisser apparaître la trace de son attachement à la démocratie, à la République et à la déclaration universelle des droits de l'Homme.
Mais le CRCIA n'a pas consenti à changer un seul mot du titre sous lequel il était connu, ni à modifier aucun article de ses statuts. Le CRCIA n'a jamais voulu entrer en relation, ni avec les autorités allemandes, ni avec le Gouvernement de Vichy, et a organisé sa vie au ralenti, entretenant malgré tout des relations avec toutes ses sections, souvent dangereusement car elles étaients surveillées. Une liaison, au moins mensuelle, fut assurée pendant toute la durée de la séparation de la France en deux zones.
Jamais le fil qui reliait le CRCIA à ses sections ne fut rompu.
Aussi, lorsque vint la libération tant attendue, les membres du CRCIA se sont retrouvés prêts à reprendre leur action sous un nom resté sans tâche, suivant des principes qu'ils n'avaient jamais consenti à transgresser. Leurs cœurs étaient restés les mêmes, leurs consciences étaient demeurées nettes, et leurs mains n'avaient jamais été souillées d'argent impur. Sans manifestations tapageuses, les membres du CRCIA ont déployé à nouveau leur drapeau. A la France ressuscitée, ils ont répondu : "présent"
A la Libération, le CRCIA a donc procédé au regroupement de ses membres, et la tâche ne fut point aisée, car il avait eu ses morts pour la France, ses prisonniers, ses déportés, ses foyers détruits.
Dans un manifeste remis au Général de Gaulle, le CRCIA a précisé sa position à l'égard du Gouvernement.
Extrait : "Nous voulons travailler pour que la France vive, pour qu'elle prospère. Aidez-nous dans l'avenir, comme vous l'avez fait dans le passé. Ensemble, sous l'égide d'une République résolument démocratique, nous verrons des jours heureux dans la paix et la prospérité retrouvées. Le passé du CRCIA est un sûr garant de son avenir. Il n'a jamais failli à sa tâche, transgressé ses devoirs, laissé périmer les intérêts de ses mandants. Il vient de reprendre ses travaux : il entend les poursuivre dans une atmosphère renouvelée, tout entier vers la recherche d'une France Républicaine toujours plus belle et plus forte, tournée vers l'avenir de la France."
Après la Libération, le CRCIA possède dans toute la France, métropolitaine et coloniale, un très grand nombre de sections, dont certaines groupent plusieurs centaines de membres. Des sections très actives et très florissantes se sont également créées à l'Etranger, notamment en Amérique, en Egypte, en Angleterre et dans les pays sous protectorat comme le Maroc, la Syrie, la Tunisie ou Algérie.
Pour servir de trait d'union aux sections, renseigner leurs adhérents et faire connaître à la presse et aux élus ses idées sur les questions d'actualité, le Comité Républicain édite un organe spécial qui a pour titre "le Bulletin Officiel du CRCIA", puis "l'Activité Modeme" dont les articles sont souvent reproduits par les grands quotidiens nationaux ou étrangers, comme dans le passé où cette édition faisait office de Journal Officiel au sein du Comité.
Mais c'est avant tout sur le terrain économique qu'il entend exercer le meilleur de son activité.